Si la naissance est un passage initiatique pour l’enfant, l’accouchement en est aussi un pour sa mère et pour son père. Anxiété, douleur, excitation, fierté et joie se mêlent lors de ce moment transformateur où un enfant naît au monde, où une femme devient mère, où un homme devient père. L’accouchement nous parle de notre manière d’être dans notre créativité et c’est ce que je vous propose de développer dans cet article.
« L’accouchement est le seul rendez-vous à l’aveugle où nous sommes sûre de rencontrer l’amour de notre vie. » Anonyme
L’accouchement
Après neuf mois de grossesse, l’accouchement est l’acte de mettre un enfant au monde. Il est le point culminant de l’expérience de la maternité par lequel un être humain passe de la vie intra-utérine à la vie à l’air libre.
Un accouchement se déroule en trois phases que l’on peut relier aux trois plans de la conscience :
- phase de dilatation / projet : l’utérus se contracte et exerce une pression sur la membrane amniotique. Le col de l’utérus s’ouvre petit à petit pour laisser passer le bébé.
- phase d’expulsion / réalisation : les contractions de l’utérus deviennent de plus en plus rapprochées, les muscles abdominaux se contractent aussi, le périnée s’étire au maximum et le fœtus sort à l’air libre. Le bébé est né, le cordon ombilical qui le relie encore à sa mère peut être coupé.
- phase de délivrance / concrétisation : les contractions reprennent afin de délivrer le placenta.
Pendant l’accouchement, homme et femme vivent une expérience d’une rare intensité. Le corps de la femme s’ouvre pour laisser passer le bébé, l’homme voit la douleur de sa compagne, leurs esprits rencontrent les limites qui sont les leurs, leurs émotions atteignent des sommets et leur rythme de vie change radicalement. L’accouchement est une explosion des structures physiques, mentales, émotionnelles, quotidiennes qui implique une réorganisation. C’est un vrai rite de passage.
D’ailleurs, l’accouchement est au cœur de nombreuses coutumes, lui qui garantit la survie de la communauté. Chaque société a mis en place des rites de protection des mères et de leurs bébés et partout les femmes sont soutenues et entourées pendant leur accouchement, notamment par des femmes expérimentées. Massages, chants, breuvages, aliments, positions, silence ou cris, présence ou absence du père… chaque communauté entoure ce moment intime d’une vigilance particulière.
« Qu’est-ce que l’impossible ? C’est le foetus du possible. La nature fait la gestation, les génies font l’accouchement. » Victor Hugo
Des accouchements variés
Si l’accouchement nous parle de notre manière d’être dans notre créativité, regardons de plus près les accouchements un peu particuliers.
Accouchement hémorragique
Le sang qui coule dans nos veines est celui de nos ancêtres et parle de notre généalogie, du clan qui nous a permis de survivre. Quand le sang sort du corps dans une hémorragie, il est alors question de se libérer du clan, de la charge émotionnelle, des conventions et habitudes familiales.
☼ À travers un accouchement hémorragique, la vie m’invite à révéler ma créativité hors des conventions familiales.
Les questions à se poser sont les suivantes : est-ce qu’à chaque instant de ma vie, je m’appuie sur ma propre vérité ? Est-ce-que ce que j’affirme est issu de mon expérience personnelle ?
À nous de nous situer dans notre vérité et de prendre le risque de vérifier que la vérité que nous exprimons est la notre et non une vérité empruntée à une convention familiale qui nous sécurise et nous permet de rester dans le clan.
« Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s’autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions. » Christian Bobin
Accouchement avec un bébé en postérieur
Le plus souvent, le bébé se présente en « position céphalique » au moment de l’accouchement. Il a la tête en bas, légèrement tournée vers l’avant du ventre de sa mère. Pendant le travail, il rentre son menton de façon à présenter en premier la partie la plus étroite de sa tête puis pivote pour faire glisser sa nuque sous l’os pubien de sa mère. À sa naissance, son visage est de profil pour sa maman. En postérieur, le bébé a aussi la tête en bas mais sa colonne vertébrale fait face à celle de sa mère. Ils sont dos à dos. À sa naissance, son visage est face à celui de sa maman.
Analogiquement, la mère parle de l’accueil de la réalité concrète.
☼ À travers un accouchement avec bébé en postérieur, la vie m’invite à révéler ma créativité en m’orientant vers ma réalité concrète, tangible.
Un tel accouchement est donc une invitation à cesser de s’orienter dans un idéal ou dans une vérité qui n’est pas la nôtre. À nous d’accueillir la réalité telle qu’elle est ! C’est en prenant la responsabilité de la réalité concrète que nous pouvons évoluer. Vouloir changer le monde pour un monde meilleur, c’est vouloir changer l’extérieur. Or le réel est l’idéal ! L’idéal est l’expérimentation de la réalité telle qu’elle est, à chaque instant. Alors nous sommes vivant.
« A la première fissure dans l’idéal, tout le réel s’y engouffre. » Jean Rostand
Accouchement avec un bébé en siège
Dans ce cas, le bébé n’a pas la tête mais les fesses en bas au moment de l’accouchement. Il est assis, comme s’il n’y avait rien à faire.
☼ À travers un accouchement avec bébé en siège, la vie m’invite à révéler ma créativité en intégrant que tout est là.
De quel retournement avons-nous peur ? Tout n’est-il pas déjà là pour prendre la responsabilité de ce retournement ? Notre réalisation, c’est réaliser ce pour quoi nous sommes fait. Et nous savons reconnaître ce qui est nous. Nous n’avons pas à le justifier, juste en prendre la responsabilité. À chaque fois que nous nous restreignons par rapport aux autres, nous dépensons de l’énergie à ne pas être nous-même, ce qui n’est pas juste. À nous de mettre notre énergie au service de notre accomplissement.
« Le bonheur est un état d’esprit qui procède de l’accomplissement de vos valeurs. » Ayn Rand
Accouchement avec le cordon autour du cou du bébé
Quand le cordon ombilical est enroulé comme une écharpe autour du cou du bébé, on parle de circulaire cervical de cordon. Le cordon ombilical est assez long et il peut s’enrouler autour d’une jambe, d’un bras, du buste ou du cou du bébé qui bouge beaucoup. Mais in utero, tant que le sang circule dans le cordon, cela ne pose pas de problème.
Pendant l’accouchement, s’il y a un circulaire cervical de cordon, la sage-femme essaie de le dégager en le faisant passer par-dessus la tête du bébé, dès qu’elle est sortie. Si elle n’y parvient pas, elle peut alors couper le cordon au plus vite pour éviter que le cordon trop court entraine avec lui le placenta. Mais le plus souvent, le ressenti de la mère c’est que plus elle fait d’efforts pour mettre au monde son bébé, plus il est en danger. Elle a peur d’une strangulation alors que le bébé est toujours alimenté en oxygène par le cordon ombilical au moment de la sortie de sa tête.
☼ À travers un accouchement avec le cordon autour du cou du bébé, la vie m’invite à révéler ma créativité en cessant de faire des efforts, en laissant la vie œuvrer en moi.
Révéler notre créativité ne passe pas par une action qui recherche un résultat et pour lequel il nous faut faire des efforts. C’est une action sans intention, sans attente, sans but à atteindre, sans vouloir. C’est une expérimentation de l’instant présent, un mouvement, une transformation permanente auquel nous n’avons pas à nous identifier. Ça agit à travers nous dans une action de transformation de ce qui nous touche en nous-même.
« L’action est musique. » Charlie Chaplin
Accouchement par césarienne
Quand un bébé naît par césarienne, il ne passe pas par les voies naturelles et ne subit pas la contrainte du passage étroit entre les os du bassin de sa mère. Il est cueilli dans son ventre, comme une fleur ! Le ressenti de la maman est souvent un regret de ne pas avoir pu accoucher par les voies naturelles.
☼ À travers un accouchement par césarienne, la vie m’invite à révéler ma créativité hors d’une voie conventionnelle ; sans contrainte ni obligation.
Comment notre créativité propre pourrait-elle se contenter de suivre une voie ou de marcher dans les pas d’un autre ? Pourquoi nous mettons-nous des contraintes ou des obligations, comme s’il y avait des règles à respecter pour être dans notre créativité ?
Notre créativité ne peut s’exprimer qu’en dehors des normes, des conventions, des protocoles ou des attentes.
« Beaucoup de choses que nous considérions comme des lois naturelles sont en réalité des conventions purement humaines. » Bertrand Russell
Accouchement avec extraction instrumentale
Parfois, quand le bébé ne progresse pas vers la sortie ou que son rythme cardiaque ralentit, des instruments comme forceps, ventouse ou spatules sont utilisés pour accélérer sa sortie et limiter sa souffrance. Sa maman reste active pour faciliter l’intervention du médecin et ne pas se sentir dépossédée de la naissance de son bébé, mais elle sait que son bébé naît avec une aide extérieur.
☼ À travers un accouchement par forceps ou ventouse, la vie m’invite à révéler ma créativité en accueillant l’aide extérieure et en sortant de l’idée que tout dépend de moi.
La vie nous invite à nous laisser œuvrer en sortant de l’idée que l’important est ce que nous faisons. L’important est ce que nous sommes et nous laisser œuvrer, c’est nous laisser porter par la vie, nous abandonner à elle avec confiance en lâchant toute idée de pouvoir personnel.
« Petite aide fait grand bien. » Germaine Guèvremont
Accouchement déclenché
Pour la sécurité de la mère ou de l’enfant, il est parfois choisi de déclencher l’accouchement ou de le stimuler pour que le travail s’accélère. Le médecin injecte alors à la mère une dose d’ocytocine artificielle, une hormone sécrétée naturellement par le corps pour stimuler le travail. L’ocytocine est connue pour être l’hormone de l’amour, de l’empathie, de la confiance et du lien interpersonnel.
☼ À travers un accouchement déclenché, la vie m’invite à révéler ma créativité en m’accueillant telle que je suis, entièrement.
Comment pouvons-nous exprimer notre créativité propre si nous ne nous accueillons pas avec bienveillance tel que nous sommes ? L’amour ne vient pas de l’extérieur. Il est le constat que nous faisons lorsque nous nous accueillons dans notre vérité unique, dans la réalité de ce que nous sommes, dans notre lumière comme dans notre ombre.
« Avant l’amour l’amour-propre était né. » Gentil-Bernard
Accouchement sous péridurale
Quand la douleur est trop intense, notamment en cas de déclenchement, l’accouchement peut se passer sous anesthésie régionale. Un produit anesthésiant est injecté dans l’espace péridural lombaire et bloque la transmission de la douleur dans l’utérus et le périnée. Si l’accouchement est très long, la péridurale permet à la femme de se reposer et de retrouver de l’énergie. Bien dosée, elle lui permet de garder la sensation des contractions et d’être active lors de la poussée.
☼ À travers un accouchement avec péridurale, la vie m’invite à révéler ma créativité en cessant de m’identifier à ce que je créé.
Notre valeur n’est pas dans ce que nous avons réalisé. Nous ne valons pas plus parce que nous avons eu un enfant. Que nos créations et réalisations soient reconnues ou non par les autres, nous sommes toujours nous-même. Ce que nous créons n’est pas nous. Ce que nous créons passe à travers nous.
« La fatigue des sens crée. Le vide crée. Les ténèbres créent. Le silence crée. L’incident crée. Tout crée, excepté celui qui signe et endosse l’œuvre. » Paul Valéry
Cet article vous rappelle votre accouchement ou celui de votre compagne ? Vous vous reconnaissez dans les perles de sens qu’il contient ? N’hésitez pas à écrire dans l’espace de commentaire ci-dessous. Merci !
Photos : Unsplash
Bonjour, mesdames.
Il est toujours préférable d’accoucher de la vérité.
Dernièrement, ma compagne, je ne sais quelle mouche l’ayant piquée, m’a mis en demeure de l’épouser sous peine de rupture à plus ou moins brève échéance. J’ai donc été amené à accoucher de ma vérité, à savoir que je n’ai pas l’intention d’épouser qui que ce soit, chose qu’elle ignorait jusqu’alors. Elle avait donc le choix entre mettre sa menace à exécution ou rester avec moi dans les conditions actuelles. Elle a, pour l’instant, choisi de rester.
Chacun étant maintenant dans sa vérité et dans le respect de soi-même et sachant ce que pense l’autre, les choses sont claires et chacun est libre d’en tirer les conséquences (aimant vivre dangereusement, j’accepte l’idée d’avoir cette épée de Damocles au dessus de ma tête).
Du coup, notre relation s’en trouve apaisée et, pour ainsi dire, confortée. En matière de relations, rien n’est pire que le non-dit.
La peur de telle ou telle chose nous empêche souvent d’être dans notre vérité. Or, quand on choisit d’être dans sa vérité, on s’aperçoit que les problèmes disparaissent comme par magie.
En tout cas, moi, je me sens en paix. Il est vrai que, généralement, les femmes ont davantage de force ou de ténacité pour aborder les questions qui fâchent (pour mettre les pieds dans le plat, comme on dit communément), les hommes faisant souvent preuve d’une certaine lâcheté ou d’une certaine propension à fuir les problèmes. Je dois donc remercier ma compagne de m’avoir amené à prendre mes responsabilités et à dire les choses sans ambiguïtés.. Je dois reconnaître qu’elle est une personne remarquable..
Merci bébé, je t’aime (après moi, bien entendu)..
Il est vrai aussi que les femmes sont généralement dans cette illusion de la sécurité, dans cette volonté de figer les choses parce que programmées pour procréer (accoucher, donc) et assurer le bien-être de leur progéniture (descendance, alimentation, survie). Des conceptions de la vie radicalement différentes entre hommes et femmes, d’où la difficulté à trouver un terrain d’entente.
Personnellement, je trouve que l’idée de couple et d’enfantement s’accorde mal avec la pensée bioanalogique. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Chère Blandine,
Il est incroyable de lire le sens de l’accouchement de mon premier enfant, c’est l’histoire de ma vie dans ma survie : faire tant d’efforts.
Laisser la vie œuvrer.
Merci
Belle prise de conscience… bravo !
Chère Blandine,
Voilà déjà longtemps que je suis vos articles sur votre blog. Je les adore ! Merci !!!
En lisant celui sur l’accouchement, je m’accueille dans ma présence (sans vouloir d’autre passé que celui qui est le mien !) et ressens maintenant ce que la naissance de mon fils m’a révélé. Je me suis tellement fait de reproches pendant de longues années sur la manière dont celle-ci s’est déroulée. Je l’ai souvent comparée à celle de ma fille et m’en suis voulue encore et encore. Mais aujourd’hui, 3 phrases clé m’ont permis de comprendre où j’en étais et d’accueillir ce moment de grâce sous un autre angle. 3 petites invitations qui prennent tous leur sens et qui en disent long sur le chemin parcouru aujourd’hui dans une autre lumière et comme des perles…de sens !
Je me réjouis de découvrir bien vite le message côté « bébé » !
Bien à vous,
Merci beaucoup Sylvie pour ce précieux témoignage ! C’est exactement ce qui me motive chaque jour pour continuer à lire les perles de sens des évènements.
Bonjour et merci pour cet article
J’ai accouché de ma fille avec 2 semaines de retard. J’aimais être enceinte et j’avais très peur de l’accouchement
enfin j’ai aussi saigné beaucoup la journée avant d,accoucher je la retenais quand j’aurais pu la laisser venir au moment d’accoucher ca me fait vivre beaucoup d’émotions car je me rends compte que je refais encore ca après 30 ans ( la retenir) dans sa vie
voila mon expérience quant au mien mon accouchement je ne connais rien
merci a toi j’aime lire tes chroniques c’est toujours super intéressant merci encore
Martine
Merci Martine et bravo pour cette prise de conscience !
MERCI pour ce beau partage le message est-il pour la mère ou pour l’enfant ou les 2 ?
personnellement je suis née avec le cordon autour du coup est arrivée dans une certaine violence, apparemmen, en tout cas dans la projection que ma mère en a fait au travers de sa description de l’ accouchement voilà son témoignage : »il faisait un ciel noir il y avait des rayons de soleil qui transperçait les nuages » le diable se battait avec sa femme » je me suis dit l enfant aura un caractère de cochon, tu es sortie bleue cyanosée alors le medecin ‘t a attrapée par les pieds et pendue la tête en bas et donnait des grandes claques sur les fesses, et alors tu as crié ..de rage! » voilà pour la version film d’horreur!Je suis allée revisiter ma naissance sous hypnose , j’ai m^me vu les carrelages blancs et noirs de la salle d accouchement ,en fait, beaucoup plus simplement ils ont tous eu peur quand je suis arrivée, bleue et je ne respirais pas alors il y a eu panique à bord: le médecin a mis la tete en bas pour apporter le sang à la tête et donner des claques pour provoquer une réaction du bébé…ce qui a fonctionné!!!!! je vais me faire une petite vidéo à ce sujet sur mon site! merci
Bonjour Pascale et merci pour ce témoignage.
Dans cet article et tourné de cette manière, le message est pour la mère. Et dans l’article à venir, le message sera tourné pour l’enfant… Il est alors question de son existence, de sa particularité à accueillir pour être en paix.
À travers une naissance avec le cordon autour du cou, la vie m’invite à sortir de la lutte, à laisser la vie œuvrer en moi.
À bientôt !